Tout savoir sur l’hydroponie avec Marion

Et si vous faisiez pousser vos plantes dans de l’eau ? L’hydroponie, c’est l’art de cultiver des plantes sans terre 💦

Passionnée par le sujet, Marion a donné naissance à la ferme hydroponique Les Sourciers. Partez à la découverte de cette méthode de culture à part entière !

1. À la découverte de Marion, la fondatrice de la ferme hydroponique Les Sourciers

Peux-tu nous parler de ta ferme hydroponique Les Sourciers ?

Les Sourciers, c’est une microferme hydroponique située dans le Gers. On y cultive des herbes aromatiques, des légumes, des fleurs comestibles, des micropousses, … le tout sans terre, mais avec énormément d’amour ! Notre ferme, c’est à la fois un lieu de production, mais aussi un espace d’expérimentation technique et un centre de formation. On accueille des familles en visite, des écoliers sur des ateliers pédagogiques mais aussi des professionnels du monde entier qui se forment à l’hydroponie, la bioponie ou l’aquaponie.

Comment as-tu découvert l’hydroponie ?

C’est un de ces hasards de la vie qui vous la change à jamais : nous étions en weekend avec Nicolas dans une province de Buenos Aires, et nous avons rencontré un couple qui faisait de l’hydroponie. La discussion que nous avons eue, les fraises que nous avons goûtées et la magie du lieu ont allumé une étincelle en nous. 

L’idée de cultiver sans terre m’a d’abord intriguée, puis fascinée. Et quand j’ai vu, après beauuucoup d’essais et de ratés, la qualité gustative des plantes, l’ergonomie et le potentiel d’innovation, je me suis dit : « Voilà, c’est ça que je veux faire ! ».

Quelle est ta plante préférée ?

C’est difficile de choisir, mais j’ai un faible pour le basilic. Il pousse vite, il sent divinement bon, et en hydroponie il est particulièrement heureux. Et puis, avouons-le, un bon pesto maison, ça rend la vie meilleure ! (j’en mets partout partout).

As-tu une anecdote végétale à partager avec nous ?

Une fois, on a fait pousser du tournesol en hydroponie !  Personne n’y croyait, c’est une très grosse plante pour pousser dans de si petites gouttières d’eau… et pourtant ils étaient magnifiques et nous ont donné de belles fleurs puis des graines que je garde pour donner aux oiseaux en hiver ! Comme quoi, il ne faut pas d’idées préconçues, les plantes aiment nous surprendre.

2. Faire pousser des plantes dans l’eau : tout savoir sur l’hydroponie 

Quelle est la différence entre l’hydroponie et l’hydroculture ? Quelle est la différence entre l’hydroponie et l’aquaponie ?

L’hydroculture et l’hydroponie sont voisines. L’hydroculture, c’est plutôt une technique décorative, souvent utilisée en intérieur par les particuliers : on va faire ses boutures en hydroculture, en les mettant dans des contenants avec de l’eau qu’on change régulièrement. Comme il n’y a presque pas de nourriture dans l’eau du robinet (un peu de calcium et de magnésium), les plantes peuvent faire quelques racines, quelques feuilles, mais elles ne vont pas pousser à proprement parler. Elles sont comme nous, elles ont besoin de nutriments pour grandir. “Rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme !”

En hydroponie, on ajoute des nutriments dans l’eau (en minéral ou en bio) pour que les plantes puissent pousser. L’objectif c’est souvent de faire pousser des plantes comestibles et d’avoir un potager chez soi ou une ferme comme nous et de vivre de sa production.  

Quant à l’aquaponie, c’est une cousine de l’hydroponie, mais qui associe les poissons aux plantes. Les déjections des poissons nourrissent les plantes, et les plantes filtrent l’eau. C’est un système en symbiose, magnifique mais un peu plus complexe à gérer.

Quels sont les avantages de l’hydroponie par rapport à une culture classique ?

Je n’oublie pas de mentionner que tout se fait à hauteur d’homme, on travaille dans de super conditions, debout, pas de mal de dos ! Et pour terminer la liste des avantages, on a beaucoup moins de ravageurs, on peut donc bien produire sans utiliser aucun pesticide.  

Quels en sont les inconvénients ?

Le principal inconvénient à mes yeux, c’est qu’on dépend du plastique et de l’électricité, même si certains systèmes sont solaires. On a testé des alternatives au plastique mais à une échelle professionnelle les autres matériaux sont soit trop chers soit trop peu pratiques. Donc ce n’est pas aussi écologique que la terre. 

Ensuite ça demande un vrai suivi technique. On ne peut pas simplement laisser faire la nature, comme en permaculture par exemple. 

Et puis, comme on est hors-sol, il faut combattre les idées reçues : certaines personnes pensent que les plantes sont moins bonnes en goût, alors je n’hésite pas à leur proposer une dégustation quand c’est possible. 

Ce n’est pas une technique de culture parfaite, mais c’est une super alternative, avec beaucoup d’avantages, quand on ne peut pas cultiver en terre.

Comment se nourrissent les plantes en hydroponie ?

Elles se nourrissent grâce à une solution nutritive qui contient les mêmes minéraux qu’elles trouveraient dans le sol : azote, phosphore, potassium, calcium, magnésium, oligo-éléments… Elles mangent 16 éléments nutritifs, en proportion différente selon leur variété et stade de développement, c’est assez simple. Le défi c’est pour la bioponie car on leur apporte une solution nutritive organique (bio), qui ressemble beaucoup à du thé de compost, un peu plus concentré – et odorant ! Là, les racines ne sont pas capables d’absorber ces éléments sous forme organique, il faut donc travailler en symbiose avec des bactéries qui vont “digérer” les molécules organiques pour leur donner une forme minérale, que les racines pourront alors absorber. C’est exactement le même principe qu’en pleine terre ! 

Quel lien avec la biodiversité vu qu’on est hors-sol ?

C’est une bonne question ! Comme on vient de le voir, en bioponie on a besoin que notre eau soit vivante, on va créer un biofiltre qui est comme une maison pour les bactéries. Donc déjà au niveau macro on va attirer des bactéries et aussi des mycorhizes qui vont être bénéfiques à nos plantes. Ensuite, comme pour toutes les cultures, les plantes sont un abri magnifique à bestioles, on a plein d’insectes qui viennent s’y nourrir, y s’y loger, mais aussi des oiseaux ! On a introduit des poissons dans certains bacs de culture, ils se régalent des larves de moustiques et des résidus organiques des plantes. 

On produit beaucoup de fleurs, alors ça bourdonne d’insectes en tout genre. Notre serre en est un excellent exemple car rien ne poussait sur notre parcelle argileuse, il n’y avait aucun insecte, et depuis qu’on est là il y a plein de pollinisateurs, mais aussi des grenouilles, des salamandres, des oiseaux… Je dirais que la biodiversité arrive avec les plantes non traitées, quel que soit le mode de culture ! 

Est-ce une méthode de culture accessible à tous ou réservée aux professionnels ?

C’est accessible à tous ! Les particuliers peuvent s’amuser avec des petits systèmes hydroponiques à la maison, pour des salades ou des herbes aromatiques. Et les professionnels peuvent aller beaucoup plus loin, avec des serres, des unités de production de haute précision. L’hydroponie est un terrain de jeu infini, il suffit de commencer petit et de se laisser embarquer.

3. Les formations à l’hydroponie de Marion