Cultiver un potager de balcon en ville avec Valéry Tsimba
Valéry Tsimba, alias @lejardinnourricier sur Instagram, est une experte du potager de balcon ! Passionnée de jardinage, Valéry a transformé le balcon de 4m² de son appartement de Courbevoie en potager abondant. Elle est l’autrice du livre « Mon balcon nourricier en permaculture ». Jardinière engagée, elle prône les vertus de la permaculture et des semences paysannes. À travers son association Le Jardin Nourricier, elle partage sa passion en organisant des ateliers pour les enfants et développant des grainothèques.
À travers cet article, Valéry vous livre ses conseils pour cultiver un potager de balcon, bien choisir ses semences, et composter en ville.
À la découverte de Valéry Tsimba, une experte du potager de balcon
Peux-tu te présenter en quelques mots ?
Je suis Valéry, une citadine passionnée de jardinage. Je cultive un potager de balcon de 4 m² à Courbevoie et je suis l’autrice du livre “Mon balcon nourricier en permaculture” paru aux éditions Ulmer.
Comment t’es venu ta passion pour le jardinage ?
Ma passion du jardinage s’est construite au fil des années. Au départ il s’agissait d’un simple intérêt pour les plantes et jamais je n’aurais imaginé que cela deviendrait une passion. J’ai commencé il y a 20 ans, et comme beaucoup de citadins, par avoir quelques balconnières sur un rebord de fenêtre dans lesquelles je cultivais des géraniums et des aromatiques (persil, ciboulette …).
À cette période, un couple d’amis avait quitté un appartement en région parisienne pour une maison avec jardin dans l’Eure (Normandie). J’allais quelquefois leur rendre visite et à chaque fois nous passions du temps au jardin, notamment à faire des travaux de jardinage de saison.
Et puis en 2013, ma ville a lancé son premier jardin partagé auprès duquel j’ai adhéré. J’ai eu accès à une parcelle de 4 m² sur laquelle j’ai eu le loisir d’expérimenter la culture en pleine terre. De fil en aiguille, je passais de plus en plus de temps à jardiner aussi bien au jardin partagé que sur mon balcon. Et c’est ainsi que c’est devenu une passion.

Qu’est-ce qui t’a poussé à démarrer ton potager de balcon ?
Plusieurs raisons m’ont conduites à mettre les mains dans la terre et entre autres à démarrer un potager de balcon. La première a été mon amour du jardinage. Habitant une ville dense et très urbanisée, c’était un besoin viscéral pour moi de jardiner afin d’avoir un équilibre de vie satisfaisant, de ralentir et de réduire le stress, de rester connectée aux saisons et aux éléments.
La seconde était le souhait de contribuer à mon alimentation en cultivant des légumes et petits fruits dont j’avais connaissance de l’origine et de la manière dont ils avaient été cultivés.
Enfin, la troisième raison résidait dans la volonté de participer à ma petite échelle à la création d’îlots de verdure pour non seulement améliorer mon cadre de vie mais aussi pour accueillir la biodiversité à la fois cultivée – car je suis passionnée de variétés potagères, aromatiques et florales (notamment anciennes) – et animale (abeilles, oiseaux …).
Peux-tu nous parler de ton association Le Jardin Nourricier ?
En janvier 2018, j’ai créé l’association Le Jardin Nourricier afin de transmettre ma passion du jardinage et d’encourager d’autres personnes à se lancer. J’anime des ateliers de jardinage à destination de tous les publics dans différentes structures comme par exemple une Maison des Familles au sein de laquelle j’ai mis en place un jardin potager qui sert de support à mes ateliers de jardinage pour les tout-petits accompagnés de leurs parents. J’interviens également dans des établissements scolaires (collège et lycée), des jardins partagés, des médiathèques … Par ailleurs, je fais également de l’accompagnement dans la mise en place de grainothèques au sein de médiathèques (conseil, formation des grainothécaires ….) et de leur animation au fil des saisons.
1. Cultiver un potager de balcon : les conseils de Valéry
Vous rêvez d’un potager mais vous habitez en ville et vous n’avez pas de jardin ? Ce n’est pas un problème ! La preuve : Valéry a transformé son petit balcon de 4m2 en potager abondant !
Comment démarrer un potager de balcon ? Quelles questions se poser ?
Je dirais que la première question à se poser est celle de l’usage ou des usages que l’on souhaite affecter à son balcon en fonction de sa taille. Souhaitons-nous avoir un coin potager ? un espace repas ? un espace détente ? Cette réflexion permet de prendre en compte les différentes attentes que l’on peut avoir y compris celles des membres de sa famille afin de travailler sur un projet équilibré dans lequel tout le monde se retrouvera.
Ensuite, il est crucial de s’interroger sur son environnement afin d’en déceler les forces et les points à améliorer : exposition, durée d’ensoleillement au fil des saisons, contraintes … Cette pré-analyse permettra de déterminer quels légumes, aromatiques, fleurs cultiver ainsi que les actions à mettre en place pour remédier dans la mesure du possible aux contraintes identifiées (par exemple atténuer les effets du vent).
Il est également nécessaire d’estimer le temps que l’on pourra consacrer à son potager. Même tout petit, un potager nécessite des soins et de l’attention. Il vaut mieux commencer petit pour éviter d’être vite débordé.
Enfin, il faut s’assurer que la mise en place d’un potager ne gênera pas les voisins (écoulement de l’eau par exemple).

Quels supports de culture choisir ? (carrés potagers, jardinières, pots, etc.)
De manière générale, Il faut prendre des contenants adaptés aux cultures que l’on souhaite réaliser, notamment en matière de développement racinaire. Si on n’est pas bien fixé au départ, il est préférable de prendre des contenants grands et profonds dans lesquels divers systèmes racinaires pourront s’épanouir plutôt que des petits contenants dans lesquels ils seront contraints, impactant ainsi le développement des plantes. Par ailleurs, de grands contenants permettent d’accueillir plus de terreau et in fine plus de nutriments.
Comment optimiser l’espace ?

J’utilise les techniques suivantes pour optimiser l’espace :
1. La planification des cultures
Cela permet de mieux gérer les successions de culture, d’avoir toujours des plants à repiquer et d’éviter des “temps morts” dans les contenants de culture.
2. Les plants
Qu’ils soient issus de nos propres semis, de plants achetés en jardinerie ou auprès de maraîchers, ils permettent de gagner aisément 2 à 3 mois par rapport au semis direct et de réduire le temps d’occupation des cultures dans les pots/bacs.
3. La contre plantation et le chevauchement des cultures
La technique de la contre plantation permet d’implanter deux légumes sur le même emplacement de manière simultanée ou décalée en les intercalant. Par exemple, dans les cultures de blettes en hiver, j’implante des mâches qui font office de paillage naturel.
La technique du chevauchement a pour but d’associer des cultures à des stades de croissance différents en début ou fin de saison. Par exemple, j’implante à la fin de l’été des laitues d’automne-hiver, des épinards ou encore des choux kale au pied des tomates. Une fois les plants de tomates enlevés, ces cultures auront tout l’espace et toute la lumière pour s’épanouir.
4. Les cultures à croissance rapide et les variétés hâtives
Certains légumes présentent l’avantage de pouvoir être récoltés relativement vite, à savoir 2 à 3 mois après le semis en jeunes pousses ou arrivés à maturité. C’est le cas des laitues à couper, cerfeuil, épinard, navet, radis, haricots nains, petits-pois hâtifs et demi-hâtifs, choux chinois (Pak Choi, Pé Tsaï Granaat, Tah Tsai), chou kale, roquette, blette, betterave pour leurs feuilles comestibles …
5. La culture étagée
On peut réaliser des cultures étagées en s’inspirant du modèle de la forêt. Dans une forêt, on retrouve des végétaux à différentes strates comme par exemple couvre-sol, herbacée, arbustive basse, arbustive pour en citer quelques-unes. Dans un bac, il est tout à fait possible d’associer des laitues, radis, oignons, carottes, basilic, persil, tomate …
6. La verticalité
Certaines cultures sont particulièrement adaptées à la culture verticale sur des structures réalisées à l’aide de bambous, des arches sécurisées, des rambardes/garde-corps, des grilles de séparation de balcon …mais aussi des persiennes auxquelles ont peut accrocher des portes pots.
Ces différents supports peuvent accueillir des haricots à rames, doliques, concombres et cornichons, melons, courges à petits fruits (Jack Be little), tomates cerises, ipomées, fraisiers…

Que peut-on faire pousser sur son balcon ?
Beaucoup de cultures peuvent être réalisées sur un balcon à partir du moment où l’on s’efforce de répondre aux besoins des plantes en termes de ressources : lumière, eau, terreau, amendement.
On sera toutefois limité pour certaines cultures qui nécessitent de la place comme par exemple les courges à gros fruits (Potiron rouge vif d’Etampes). Il convient donc de choisir les variétés avec soin pour un petit espace. Au sein de chaque espèce, il y a toujours des variétés qui sont plus adaptées que d’autres à la culture en contenants. Si on prend la tomate, on a la possibilité de cultiver des variétés avec différentes hauteurs de croissance : micro-naines et naines (variétés Red Robin, Maskotka), déterminées (variété Grushovka) indéterminées (variété Black Cherry).
Pour les aubergines, les versions “grappes” – comme la variété Slim Jim – peuvent être intéressantes car elles nécessitent moins de place et présentent une belle productivité.
Pour les débutants, peux-tu recommander quelques fruits et légumes faciles à cultiver ?
Je recommande avant tout de cultiver des plantes potagères, des aromatiques et des fleurs comestibles que l’on aura plaisir à manger.
Parmi les plantes les plus faciles à cultiver, nous avons les radis (radis cocktail, radis de Pâques), blettes, épinards, salades, chicorées, roquette, choux kale, moutardes asiatiques, tomates, courgettes, haricots nains ou à rames, petits-pois, courges à petits fruits (Jack Be Little, Baby Boo), concombres, pommes de terre, aulx, oignons, ciboulette, ciboule de Chine, coriandre, cerfeuil, basilic, rhubarbe, fraisiers, framboisiers, groseilliers … On peut partir de plants ou de semis selon les plantes ou faire un mix des deux.
2. L’importance des semences paysannes
Qu’est-ce qu’une semence paysanne ?
Une semence paysanne – encore appelée semence de pays ou ancienne – est une semence sélectionnée et multipliée par le paysan dans ses champs. Elle est reproductible à l’identique de génération en génération (contrairement aux hybrides F1 issus d’une sélection variétale industrielle) et est prélevée par le paysan dans sa récolte en vue d’un semis ultérieur.
Pour le jardinier amateur, une semence paysanne est une semence reproductible.
La définition la plus précise et complète que je connaisse à ce jour est celle de Véronique Chable, ingénieure de recherche à l’Institut National de Recherche pour l’Agriculture, l’Alimentation et l’Environnement (INRAE) : “une semence paysanne est une semence issue des terroirs, maintenue par des paysans en coévolution avec les terroirs, les climats, les hommes, la culture (au sens culturel). Elle est basée uniquement sur des processus naturels, sur la diversité et reproduite à la ferme, libre de droit et échangeable”.

Pourquoi choisir des semences paysannes ?
Les semences paysannes sont le fruit d’une coévolution avec les hommes, les terroirs, les climats. En plus d’être reproductibles à l’identique, elles présentent la faculté d’être adaptables aux conditions pédoclimatiques (sol, climat) – et donc aux effets du changement climatique – mais aussi aux pratiques des jardiniers. Elles permettent non seulement de gagner en autonomie semencière, de faire des économies, mais aussi de préserver des variétés locales et anciennes.
A contrario, les semences hybrides F1 ne sont pas reproductibles à l’identique et doivent être rachetées régulièrement.
Comment préserver les semences paysannes ?
A mon sens, pour préserver les semences paysannes, il faut soutenir les collectifs-associations-artisans semenciers qui produisent ces semences en leurs en achetant, en les cultivant, en les reproduisant et en les faisant circuler autour de nous, à travers des dons ou des échanges entre jardiniers.
Plus nous allons cultiver de variétés peu présentes sur les étals et plus nous allons contribuer à les maintenir et à sauvegarder des variétés locales, anciennes.
3. Composter en ville
Pourquoi composter ?
Je composte pour recycler mes déchets organiques et les transformer en un formidable amendement pour mon potager de balcon. Cela me permet de maintenir une certaine fertilité dans les contenants de culture, sachant qu’en pots/bacs les nutriments s’épuisent vite et que par ailleurs on en perd toujours un peu avec un trop plein d’arrosage contrairement au jardinage en pleine terre.

Comment compostes-tu en ville ?
J’utilise plusieurs solutions pour composter :
- Le compostage de surface dans mes contenants de culture qui fait aussi office de paillage naturel,
- Des composteurs à planter que j’ai mis dans certains bacs,
- Un potager composteur en terre cuite de Ceercle,
- Un lombricomposteur (auto-construit) que j’ai mis dans ma cave,
- Un bokashi dont j’enterre la matière organique fermentée dans mes contenants de culture et plus de récupérer un thé riche en nutriments à diluer.
Il m’arrive également tous les 3-4 ans de réaliser des lasagnes (alternance de couches de déchets bruns / déchets verts et une couche finale de terreau / compost) dans mes grands bacs.
Et pour finir, je fais également quelques apports dans les composteurs du jardin partagé et dans des points de collecte mis en place sur la voie publique dans ma ville.
Comment utilises-tu ton compost au potager ?
Le compost me sert principalement à amender mes bacs et pots, notamment pour les cultures gourmandes comme les courges, tomates, poivrons, aubergines.
Découvrez son livre « Mon balcon nourricier en permaculture »
Vous avez envie de démarrer votre potager de balcon mais vous ne savez pas par où commencer ?
Découvrez le livre de Valéry, « Mon balcon nourricier en permaculture. Des récoltes abondantes sur 4m² », aux éditions Ulmer.
Avec simplicité et pédagogie, Valéry livre un guide complet pour cultiver aromatiques, légumes, petits fruits et fleurs comestibles sur une toute petite surface. Grâce à ses conseils, transformez votre petit balcon en potager productif !

On espère que cet article vous sera utile pour vous lancer dans l’aventure du potager urbain ! Végétalisons nos balcons, cultivons nos propres fruits et légumes pour plus d’autonomie, et favorisons le retour de la biodiversité en ville.
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